Troisième Édition des Rencontres des Cultures créoles

Texte reçu le 1er novembre 2019

De Mike Kervin Joseph

Port-au-Prince vient d’accueillir du 27 au 31 octobre la troisième édition des rencontres des cultures créoles ayant pour invité d »honneur, notre fameux Frankétienne et dédiée à l’Île de La Réunion.

Le contexte de crise politique, social et économique n’a pas découragé les organisateurs de cette activité qui, grâce à leur ingéniosité, l’ont rendue possible.

La culture créole a eu sa place et le monde créolophone était au rendez-vous. Des representants de la Martinique, de la Guadeloupe, de l’île de la Réunion et même des artistes venus du Québec étaient présents.

Les rencontres des cultures créoles deviennent un événement international a nul autre pareil. Elles s’inscrivent d’une part dans une spatialité, d’autre part dans une temporalité qui marque son passage, parce qu’il existe la période avant les rencontres et celle d’après où des communautés toutes entières reviennent convaincues qu’elles ont une appartenance collective à la culture créole.

Dans l’espace de cette expérience, certains affects se sont développés d’abord entre des pays de la caraïbe, ensuite envers leur culture commune et la relation qu’ils entretiennent avec elle. Cette culture n’est plus seulement une réappropriation de l’héritage de l’Afrique ancestrale; elle est aussi une culture qui s’est enrichie à travers les différentes expériences du monde caraïbéen pour devenir une et multiple grâce à ces spécificités. La dynamicité des cultures créoles ne se cantonnent plus d’ailleurs dans un rapport à la religion de nos pères, elle-même source de résistance au monde capitaliste, ou encore à une promotion d’une langue qui paradoxalement ne trouve un soupçon de dignité que dans les activités officielles, haut lieu de théâtralisation, où le pouvoir met en scène des Sketch qui entendent charrier les passions du peuple.

Cette manifestation culturelle, qu’est la Rencontre des Cultures Créoles. qui est à sa troisième édition, va au-delà de toute hypocrisie et se veut, tout au moins, être les prémisses de la construction d’une aire culturelle avec de véritable pays amis comme promoteurs de la culture créole.

Ce vœux, est sans doute celui des organisateurs, en l’occurrence l’Association Vagues Littéraires, mais il incombe, selon nous, aux intellectuels et aux opérateurs culturels de poser les bases d’une réflexion à la fois sur les enjeux et opportunités que présentent les cultures créoles.

Autre que l’effet spectacle de cette rencontre, avec des artistes qui ont su faire réagir le public, cette année les stratégies publicitaires étaient au rendez-vous et ont permis de construire l’événement qui n’attend que de se reproduire l’an prochain. D’ici là, nous espérons qu’une réelle promotion des cultures créoles sera la stratégie des médias pour arrêter de nous confiner dans un rapport événementiel à ces cultures, comme c’était le cas hier, pour la clôture à Jaden Samba des rencontres des cultures créoles, comme ce sera le cas pour la fête des morts, le 2 novembre, et pour chaque journée commémorative.

Mike Kervin JOSEPH
Membre bénévole du comité d’organisation
de la 3ème Édition des Rencontres des Cultures créoles