Sommes-nous en situation de guerre civile?

Texte reçu le 8 août 2011

Par Jean L. Théagène

À lire ce titre, on serait tenté de croire à un canular comme en sont prodigues les colonnes de certains medias à sensations. Mais à l’écoute des nouvelles en provenance d’Haïti, on a l’impression de  ne pas être trop loin de la vérité.

En effet, comme toujours sous les regards vitreux de l’occupant, le pays de Dessalines poursuit sa dérive vers une destination connue seulement de ceux qui sont à l’origine de cette trajectoire historique plutôt grotesque. En effet, deux cents ans d’indépendance n’ont pas su confirmer notre présence de Nation sur la scène internationale. À l’antipode de la civilisation occidentale, nous adoptons des comportements morbides qui nous valent une thérapeutique de cheval appliquée par des vétérinaires incomplets. Quoiqu’il en soit, malgré la présence profanatoire du Blanc sur ses chars d’assaut et dans ses hélicoptères de combat, les rues ne sont pas sûres. On tue à petites brassées, mais on tue et aucun secteur n’est épargné qu’il s’agisse d’Haïti noire, Haïti mulâtre, Haïti étudiante, Haïti rurale, Haïti catholique, Haïti vaudouisante, Haïti protestante !

Quel spectacle en perspective après le vandalisme et la profanation de la Cathédrale du Cap ! Cette scène nous fait penser à Jordi Bonnet qui écrivait déjà sur sa murale : « Vous n’êtes pas tannés de mourir, bande de caves ». Aujourd’hui, les caves recrutent d’autres caves pour la grande cuvée des décavés.

Voilà l’histoire avec ses grandeurs et ses décadences.

N’est-on pas en droit de se demander, c’est quoi être catholique, aujourd’hui ? Comment s’est effectuée en trois cents ans, la déchristianisation de notre société ? Une société qui vouait fidélité teintée souvent de nostalgie aux souvenirs d’enfance- catéchisme – première communion-mois de Marie- chemin de croix, vêpres  et auxquels on est resté toute sa vie attaché. Décidément, aurions-nous tout perdu, de notre référence au catholicisme à notre attachement à l’identité nationale.

Le sacrilège de la nuit du 6 au 7 Août n’est pas arrivé comme un cheveu sur la soupe. Il y a forcément une main tapie dans l’ombre qui veille, surveille, guette et dont les serres d’aigle sont prêtes à se refermer sur des proies faciles car, l’histoire a ses chemins balisés de signes de piste. Alors, avec de tels ondes de choc d’une folie furieuse, avant que cette société comme un miroir brisé vole en éclats, nous ne le dirons jamais assez : » Il faut rompre avec les silences coupables d’une terre assoiffée ». CAVEANT CONSULES !

Jean L. Théagène
Miami, le 8 Août 2011