À nos compatriotes, Nos Voeux pour ce jour de l’An

Dans quelques heures, l’année 2023 passera définitivement à l’histoire laissant derrière elle son cortège de souvenirs.

  1. Souvenirs affreux et terribles pour la grande majorité de nos compatriotes: ceux vivant en Haïti, par choix ou malgré eux, et ceux qui ont traversé les régions inhospitalières de l’Amérique centrale sans arriver à atteindre leur destination finale.
  2. Souvenirs aux goûts aigres-doux pour d’autres: ceux vivant en dehors des zones de non-droit, ou pas encore infestées par des gangs lourdement armés, et ceux qui ont pu jusqu’ici bénéficier du programme humanitaire de l’administration Biden, et qui se retrouvent dans les limbes sur la terre américaine.
  3. Souvenirs heureux pour une petite minorité: ceux-là qui profitent de la misère, de la peur de la grande majorité et qui s’enrichissent à la suite de chaque cueillette de rançons et après chaque extorsion.

À ces derniers et à leurs sbires, exécuteurs de leurs plans macabres, nous leur lançons, à l’approche de la nouvelle année, ce proverbe au fuseau d’interprétations: « Jou va, Jou vyen! »

Les compatriotes qui ont affronté toutes sortes de difficultés et qui ont pu survivre cette année, en Haiti ou ailleurs, méritent une note d’excellence et des applaudissements pour leur énergie, leur résilience à tant de violences qui ont bouleversé leur passé, et qui, probablement, assombriront leur futur immédiat. Leur survie est en soi un acte d’héroïsme, face à la démission, certains oseront même dire la complicité de l’État.

Ils ont été les seuls à se protéger. Ils se sont défendu quand il fallait se défendre. Ils ont fui ou abandonné leurs demeures, quand ils n’avaient pas d’autres choix. Certains ont même fui le pays, au risque de leur vie.

Que cette année leur offre la chance de réapprendre à vivre! Qu’ils arrivent à reprendre en main leur quotidien, leur destinée, sans cette peur qui engouffre leurs entrailles et qui alourdit leurs démarches faisant de tout projet de vie, à long ou moyen terme, un fantasme.

Aux dirigeants de ce pays meurtri qui ont su, une fois encore cette année, montrer leur incompétence, leur irresponsabilité dans la conduite des affaires de l’État, se rendant même à l’occasion complices du pourrissement de notre société, qu’ils prennent le temps, en ce nouvel an, de réfléchir sur les exploits des héros de 1804, exploits qui ont été une démonstration d’un refus collectif d’une injustice, d’une exploitation dont ces héros ont été les premières victimes. Qu’ils prennent le temps de redécouvrir le projet de société de notre fondateur qui rêvait de faire de la nouvelle nation un modèle d’inclusivité, mais qu’une petite minorité ont essayé et réussi à fragmenter en recourant souvent aux crimes, et même, à l’occasion, à la scission du territoire.

Ce 1er janvier ramène le 220e anniversaire de notre Indépendance. Au lieu de nous débiter des discours vides de sens, avec des promesses qu’ils seront incapables de tenir, qu’ils reconnaissent leur part de responsabilité dans cette crise qui a trop duré, avec une contrition sincère. Que celle-ci soit marquée par une approche prouvant leur démarcation de certaines alliances au niveau local et des commandes de l’international qui ne tiennent pas compte d’une Paix durable dans le pays, de l’avancement, de la dignité et du bien-être d’un peuple pas trop exigeant. L’Histoire pourra peut-être pardonner leurs écarts politiques et patriotiques, au lieu de les dépeindre comme des traîtres, à l’image de Jean-Baptiste Conzé* pour ne citer que celui-là.

Aux compatriotes de la diaspora surtout ceux qui, à contre-coeur, commencent à nourrir l’idée de ne plus se soucier du pays, parce que n’ayant plus la force de se lamenter, nous voulons leur rappeler qu’ils n’ont qu’un pays, Haïti, même quand leurs pièces d’identité et leurs documents de voyage démontrent le contraire. Qu’ils continuent à le soutenir du mieux qu’ils peuvent, envers et contre tous.

Aux autorités religieuses de toutes les confessions, qu’elles s’accrochent, malgré les pressions de certains secteurs, aux principes moraux de leurs cultes et qu’ils continuent de s’armer de courage pour accompagner le peuple, ces fidèles qui leur font confiance, dans leurs luttes quotidiennes.

L’année 2024 est à nos portes. Tous les espoirs sont permis. Qu’elle soit, pour les affligés et les victimes de la crise, une bien meilleure Année que celle qui s’achève.

À tous et à toutes, une Bonne et Prospère Année 2024 !!

Haiti-Référence
Dimanche 31 décembre 2023

* Jean-Baptiste Conze: Le pseudo caco qui, avec ses complices, Jean Edmond Francois et Cherubin Blot, a facilité l’assassinat de Charlemagne Péralte, leader d’un mouvement de résistance contre l’occupation américaine. Pour cet acte de trahison, Conzé fut largement rétribué par Herman Hanneken, un sergent de l’armée américaine,

Nelson, Laurence M. “Innovation in Intelligence: An Analysis of U.S. Marine Corps …” USU Research and Scholarship. Thesis: MA in History. Utah State University, 2017; pages 81-90 [enligne]