Distribuons le blâme équitablement

Mtre André Michel, lors d'une conférence de presse, le 25 octobre 2013Cette semaine et comme chaque semaine, nous avons suivi avec intérêt les événements qui se sont déroulés en Haïti et  les réactions des divers secteurs du pays. Nous avons surtout essayé de comprendre certaines actions entreprises par des élus et des hauts cadres de l’administration parce qu’elles nous ont laissé perplexe n’ayant à notre avis aucune motivation logique.

Les représentants des trois pouvoirs qui devraient se laisser guider par le principe du bien commun et travailler sérieusement au bien-être de la collectivité se sont lancé dans des actions controversées qui affichent de leur part un mépris flagrant de la Constitution en vigueur et des lois qui protègent le citoyen contre l’arbitraire.

Notre événement de référence demeure, on peut le comprendre facilement, l’arrestation de l’opposant Maitre André Michel, la présence opportune donc suspecte sur les lieux de l’arrestation d’un commissaire du gouvernement qui avait juré la perte de cet opposant, et la libération de ce dernier par des élus du peuple par une intrusion musclée dans les affaires de la justice. Nous ne pouvons nous empêcher de nous questionner sur le rôle que jouent les conseillers de ces élus et hauts cadres du gouvernement dans ces décisions.

En Haïti, les conseillers politiques, ces hommes et ces femmes qui ont une grande responsabilité dans les prises de décisions des élus et administrateurs sans avoir été investis pas les mandants, ont toujours contribué à la perte de ceux qui sont à leur écoute. Ce fut le cas de Jean-Claude Duvalier dans la première moitié de la décade de 1980, de Jean-Bertrand Aristide en 1991. Leurs conseillers quoiqu’imbus des dangers que posaient certains de leurs conseils et, à l’occasion leur silence ou acquiescement, dans l’ambiance explosive d’alors, se laissaient guider par leur propres intérêts, leur volonté de survie ou pire, un calendrier qui reposait sur l’échec de ces chefs qu’ils étaient appelés à aider dans leur prise de décision.

Aujourd’hui, le nombre élevé de conseillers du président de la République est en soi un scandale. Ces régents qui ne forment nullement une élite professionnelle homogène et qui sont pour la plupart des transfuges de partis de l’opposition, des agents des secteurs des affaires ou de l’international, nous devons, les événements de ces derniers jours nous y obligent, nous poser des questions sur la teneur de leurs conseils. Et s’ils travaillaient contre les intérêts de leurs patrons? Et s’il contribuaient à la vassalisation permanente de la nation?

On peut tout aussi juger l’action des parlementaires à la lumière de ces analyses et de ces constatations. Le tollé que causa leur intervention pâlit considérablement leur image; eux qui, par vocation, doivent rappeler à l’ordre l’exécutif et freiner ses dérapages. Leur action frondeuse fit justement le jeu de ceux qui à tort réclament leur départ au mois de janvier 2014, mais plus encore ils montrent leur manque de respect pour la loi-mère exposant plutôt le côté personnaliste du parlement.

Dans tout autre pays à velléités démocratiques, l’action du judiciaire cautionnée par l’exécutif, le comportement anti-démocratique des parlementaires auraient eu des conséquences immédiates. L’opinion publique haïtienne déjà méfiante et sceptique servirait de catalyseur. On interpellerait aussi bien les élus, les hauts cadres responsables du tollé ainsi que leurs conseillers. Ils seraient forcés de s’expliquer. Des carrières politiques et administratives seraient compromises. Mais nous sommes en Haïti, où les réactions aux actions embarrassantes voire répugnantes deviennent des feux de paille dans un sol aride, où les élus à défaut d’une politique cohérente et réaliste convaincante veulent simplement s’imposer par des coups d’éclats ou des coups de matraques.

J.A