Funérailles du président Jovenel Moise: Éloge funèbre de Martine Joseph Moise

🙏 Monsieur le Premier Ministre;
🙏 Mesdames, messieurs les membres du gouvernement;
🙏 Mesdames, messieurs les représentants des pays amis;
🙏 Mesdames, messieurs les fonctionnaires de L’État;
🙏 Hauts dignitaires de la fonction publique
🙏 Mesdames, messieurs les représentants des institutions indépendantes;
🙏 Mesdames, messieurs les officiels des dix départements de la République;
🙏 Mesdames, messieurs les représentants des collectivités territoriales;
🙏 Mesdames, messieurs les représentants des secteurs privés et des affaires;
🙏 Mesdames, messieurs les représentants des organisations de la société civile;
🙏 Mesdames, messieurs les représentants de la diaspora;
🙏 Frè ak sè m yo nan tout peyi a,

Au nom de le toute la famille présidentielle, j’aimerais vous remercier du plus profond de mon cœur de votre présence parmi nous pour rendre un dernier hommage à mon mari, Jovenel Moïse.

La famille vit des jours sombres. Faire le déplacement jusqu’ici pour nous soutenir, pour dire « au revoir » à mon président, à mon mari, le père de mes enfants est une marque de sympathies qui procure force et courage à toute la famille et l’aide à surmonter ces épreuves.

Quand j’ai rencontré Jo, cet homme qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants, j’ai vu en lui un esprit brillant, inventif et créatif, un être passionné et déterminé, une personne sympathique, enjouée, dotée de grands charismes; un jeune homme réservé, mais tellement généreux.

Ce jeune homme m’a charmée et m’a séduite. Il a gagné mon cœur et depuis, nous avons décidé de construire un seul et même avenir. Nous avons choisi de faire un seul et même être. Il est devenu ma chair et mon sang coulait dans ses veines. Il est devenu mon hymne et moi, son orchestre.

Ce jeune homme passionné, cet entrepreneur à succès, mon Jovenel Moise a toujours cherché à faire plus, à faire mieux. Pou avoir été une victime, il connaissait les vices de ce système pourri et injuste dont personne, avant lui, n’avait voulu parler. Ce système auquel peu avant lui ont voulu s’attaquer. Alors il a décidé de se lancer dans cette bataille pour le changement. Il s’est retrouvé du jour au lendemain avec tout le système en bloc en face de lui.

Il a été traité de tous les mots. Sous l’anonymat des réseaux sociaux, derrière la toute-puissance des micros et la pointe des stylos vendus à prix d’or, cachés sous des titres ronflants dont ils s’affublent (Experts ès-mensonge, consultants en génération-problème, techniciens du chaos, politiciens miséreux et si misérables), chacun s’est voulu plus créatif que l’autre.

J’entendais les adjectifs associés au nom de l’homme de ma vie, et j’avais du mal à m’imaginer que la folie du pouvoir, la vulnérabilité économique, l’envie pouvaient conduire à autant de méchancetés

On s’y était préparé. La famille savait que le combat de Jovenel Moise lui vaudrait toutes les turpitudes. Ce à quoi nous n’étions pas préparés, ce à quoi je n’étais préparée, c’est de me tenir debout aujourd’hui pour prononcer l’éloge funèbre de mon mari, c’est de me réveiller un matin et de pas avoir Jo à notre rituel matinal.

Comment accepter de ne plus entendre ta voix, tes rires? De ne plus te toucher? De ne plus entrelacer mes doigts aux tiens? Comment t’imaginer partir quelque part sans moi, sans les enfants? C’est un cauchemar duquel je n’arrive pas encore à me réveiller. C’est une situation à laquelle tu ne nous avais pas préparé. Ta femme, tes enfants, tes petits enfants, tes frères et sœurs, tes neveux et nièces, cousins et cousines, tes amis, tes collaborateurs, ton peuple, nous sommes là ce matin à faire quoi? Te rendre un dernier hommage? Faire ton deuil? Nous ne sommes pas préparés à cela.

Je me souviens encore de toi me disant que tu veux partir les mains propres, pures. Mais tu ne pensais pas partir sans avoir pu faire tes adieux. Tu ne pensais pas partir mutilé, désarticulé. Tu as été sauvagement assassiné, toi qui as toujours renoncé à la violence. Tu as toujours prêché le pardon, la réconciliation, le « tèt ansanm ». On a comploté contre toi, te condamnant à mourir dans la barbarie et la cruauté. Toi, si indulgent avec les autres, tu as connu la haine. Ils t’ont jeté leur venin pour assassiner ton caractère. Toi, toujours si loyal envers eux, tu as été abandonné et trahi.

Ton assassinat a mis à nu leur haine, leur laideur et leur lâcheté.

Quel crime as-tu commis pour mériter un tel châtiment, toi dont le plus grand péché a été d’aimer ton pays, de défendre les plus faibles, les plus vulnérables, les plus opprimés? Est-ce un crime de vouloir libérer l’État des griffes d’oligarques corrompus? Est-ce un si grand méfait? Pourquoi vouloir électrifier son pays provoque autant de haines et de violences? Quand combattre la corruption est-il devenu un délit. Pour vouloir démocratiser le crédit, est-il un péché? Comment lutter pour l’égalité de chances d’accéder à la fonction publique est-il devenu condamnable?

Frères et sœurs, Haïtiens et Haïtiennes, si vous croisez les bras, regarder les bourreaux, le sang ne cessera de couler. Aujourd’hui, c’est Jovenel Moise, demain ce sera elle, ce sera lui, ce sera moi, ce sera nous.

Les rapaces courent encore les rues. Leurs griffes et leur crocs encore ensanglantés sont à  la recherche de proie. Ils ne se cachent même pas. Ils sont là à nous regarder, à nous écouter, espérant faire peur. Leur soif de sang ne s’est pas encore étanchée, mais Jovenel Moise nous a montré le chemin. Il nous a ouvert les yeux. Alors ne laissez pas verser en vain le sang de notre président. Crions justice! Crions Justice! Crions justice!

Nous ne voulons ni vengeance, ni violence. La violence amène la violence, répétait souvent Jovenel Moise, le président. Nous ne cèderons pas non plus à la peur. La peur engendre la peur, disait-il toujours. Nous allons les regarder droit dans les yeux comme Jovenel Moise les aurait fixés et nous allons leur dire « C’est assez! ».

Jovenel, mon amour, mon compagnon, mon ami, mon autre moi, que vais-je devenir sans toi? Comment me résoudre à vivre sans toi? Ces pleurs qui inondent mon cœur, ces larmes dans lesquelles mon âme se noie quand viendras-tu les sécher? Je ne peux pas te faire mes adieux, alors je te dis « au revoir » Pars avec tout l’amour que je te porte, les valeurs que tu as inculqués à tes enfants, à moi, à la jeunesse de ton pays continueront d’exister de génération en génération.

Pars en paix, mon amour!
Pars avec le sentiment du devoir accompli.
Laisse ton âme se repose en paix, nous nous chargerons du reste.

Frè m  ak sè m Ayisyen yo k ap viv nan 4 kwen peyi a, nan dyaspora a; nou menm ki vin sipòte fanmi an nan moman difisil sa a, nou di w mèsi anpil. Prezans ou ban nou fòs ak kouraj pou n ka kenbe.

Yo asasinen prezidan Jòvnèl, men yo paka asasinen vizyon l. Yo paka asasinen lide l. Yo paka asasinen rèv li genyen pou peyi l. Nou pèdi yon batay, men nou pa pèdi lagè a. Lit la poko fini. Jòvnèl Moyiz paka lage nou nan wout. Li te deja montre nou chemen an e li ap kontinye akonpaye nou jiskaske nou rive menm si chemen an long.

M ap koube m byen ba devan kadav potorik gason sa a, prezidan Jòvnèl Moyiz, mari m, yon bon papa, yon bon mari. yon bon prezidan, yon bon solda. Nou fè tout kanpay la ansanm, pase nan tout ti kwen peyi a pou nou ka konprann pi byen ki move lavi frè nou yo ak sè nou yo ak sibi. Jodiya m ap di se yon orevwa se pa yon adye. M ap salye chak moun ki vin salye potorik gason sa a ki t ap mennem yon batay ke anpil moun ki gen privilèj pat konprann…

Jou ki te 7 jiyè se yon jou kote moun ki « sans foi, ni loi » yo parèt ak tout volonté yo pou yo chavire chodyè lespwa pou moun ki pi mal yo, pou gwo zòtèy yo, pou tèt kanna yo, moun ki te kòmanse pran sant lespwa ak devlopman paske wout ap fèt bò lakay yo, poto ak mete, kouran ap bay, ponp solè ap enstale pou kwape grangou. Jou 7 jiyè a, mechan yo planifye pou yo koupe souf ou , sans yo pa rann yo kont ki mal yo t ap fè peyi a, ki mal yo t ap fè moun Ayiti, ki mal yo t ap fè dyaspora a. Mwen konnen ou pat janm renmen politik, Jo, ou pat janm vle antre nan politik, men ou te toujou vle yon chanjman reyèl, ou te toujou vle lavi miyò pou sa k pi pòv yo. Mwen pat panse ke ti chanjman sa a ou te vle fè a te ka met dlo nan je tout fanmi w, te ka met dlo nan je tout pèp la. Mwen pa panse ke wout, dlo, kouran, baz devlopman tout pèp sou latè… ta ka mete nou nan chagren etènèlman..

Ou te toujou vle, nou te toujou vle pou grès kochon an kwit kochon an, men elas, sa te lakoz ke peyi a te « lock » sou ou, sa te lakoz ke moun ki gen kontwòl gang yo te lage yo deyè w, sa te lakoz ke konplo Vilaj Tibwa te manke pote w ale, sa te lakoz ke yo te peyi mèsenè vin nan peyi a, rete pandan plizyè mwa pou yo te tann 6, 7 jiyè pou yo etenn ou tankou lanp nan van. Yo goumen, yo goumen jis yo met do w atè.

Jo, oligak yo gen yon batay, men yo pa kon si pèp la komanse wè klè, si pèp la komanse konprann, si je l kale. Kidonk ou devan! Ou pèdi yon bay, men lagè a poko fini.

Fòk nou jwen jistis pou ou!

Martine Joseph Moise
Épouse de Jovenel Moise
Première dame d’Haiti (2017-2021)