L’une des leçons du Covid-19

Le monde, depuis quelques semaines, ne vit pas seulement au ralenti, il est, dans la majorité des régions, immobilisé avec des confinements ou des mises en quarantaine collective. Il est, de plus, financièrement destabilisé.

Les gouvernements des pays où le virus se propage avec une grande rage essaient de montrer à leurs citoyens qu’ils dominent la situation, ce qui ne convainc pourtant pas ces derniers. Ils sont eux-mêmes en possession de statistiques qui ne mentent pas. Leurs chefs pourtant continuent, presque quotidiennement, à multiplier des déclarations parfois en flagrante contradiction avec leurs propres experts sur les maladies infectieuses .

Cette pandémie les met donc dans une position inconfortable. Ils sont visiblement dépassés. Ils sont agacés parce qu’ils doivent faire preuve de leadership, ce qui, en ce cas tout à fait particulier, n’offre aucun capital politique surtout dans ces pays où les élites politiques dansaient, jusqu’à tout récemment, au rythme de ce qui aurait dû être une longue valse électorale. Tout ceci n’a rien de comparable avec la grande leçon que nous enseigne cette pandémie. Celle-ci expose notre vulnérabilité, une vulnérabilité aussi bien corporelle que relationnelle et sociale.

On avait l’habitude d’observer cette vulnérabilité chez les pauvres et dans les communautés marginalisées surtout lors des grandes épidémies, et des catastrophes naturelles. En Haiti, par exemple, cette vulnérabilité est endémique depuis quelques six décennies. Elle était, toutefois, exposée aux yeux du monde lors du tremblement de terre de janvier 2010, du temps de l’épidémie du choléra dont la bactérie a été réintroduite dans le pays en octobre 2010 par des soldats de la force multinationale des Nations-Unies (MINUSTAH), et après le passage du cyclone Matthew en octobre 2016.

En dehors d’Haiti et dans certains pays, les épidémies et catastrophes naturelles font rarement des victimes parmi les pourvus et les membres des classes dominantes. Ils peuvent toujours se servir des grands moyens économiques dont ils disposent pour se protéger a priori, pour reconstruire immédiatement après, ou, le cas échéant, accéder aux services médicaux même en dehors de leurs pays. Le Covid-19 vient donc bousculer ces paravents de protection.

Aujourd’hui, riches et pauvres, majorités et minorités, expérimentent la même peur, la même angoisse et la même crainte du lendemain. Ceux qui se proclament les « ayant droit », ceux assimilés à des réprouvés et les marginalisés découvrent que leur survie dépend du comportement, du respect des règles d’hygiène élémentaires de la part de l’autre.

Cette observation faite au niveau personnel et de classe se révèle tout aussi bien valide pour les pays. Les grandes avancées médicales des puissances politiques et des membres de G-10 se sont révélées inefficaces pour freiner, à date, la propagation rapide du Covid-19. Comme les démunis, les tenants de toutes les classes sociales et clans politiques doivent simplement espérer que leurs compatriotes suivent strictement les consignes et prennent les précautions qui s’imposent.

Ne nous méprenons surtout pas!

Cette égalité s’arrête aux mesures préventives de propagation. Atteints, les pourvus auront beaucoup plus de chance de se faire soigner. Et la vulnérabilité des pays riches et industrialisés peut ne pas être permanente. Ces derniers sont pourvus de laboratoires bien équipés où des savants, au moment d’écrire ces lignes, se donnent tout entier dans la recherche d’un possible vaccin et probablement d’un médicament. Une fois testés avec des résultats concluants, les disparités réapparaitront avec les résidents des pays pauvres et les membres des communautés marginalisées une fois encore happés parce que dépourvus de moyens économiques et donc incapables de se procurer les précieux vaccins ou médicaments.

En attendant, le Covid-19, appliquant le principe de l’égalité dans la propagation, fait rage partout. Et seuls les principes d’endiguement peuvent limiter ses dégâts. Et ces principes se traduisent souvent en quatre actions simples :

  1. Se laver les mains soigneusement et aussi souvent;
  2. Respecter la distance sociale de sécurité;
  3. Éviter autant que possible de se toucher les yeux, le nez et la bouche;
  4. Se couvrir la bouche et le nez en cas de toux et d’éternuement.

Le reste sera une question de résistance physique et de résilience psychologique.

J.A.
31 mars 2020