D’un simple geste de courage à l’Altruisme

Ce vendredi 25 mai, nous avons eu l’opportunité d’assister à une cérémonie de collation de diplômes où 2733 jeunes d’une université de la ville de Boston célèbrent le couronnement de quatre années ou plus d’études et se préparent à intégrer, possiblement dans leur champ respectif, le marché du travail.

Perchés dans une loge, avec une formidable vue de l’arène sportive où se déroulait la cérémonie, nous avons remarqué que plusieurs des finissants portaient fièrement au-dessus de leurs bonnets de diplômés l’emblème national. Comme leurs parents et amis présents qui applaudissaient avec un sentiment de soulagement cette étape importante dans la vie de leur fils et filles ou de leurs amis, nous éprouvions, à leur égard, un sentiment de grand respect induit d’une fierté patriotique. Nous applaudissions donc leur courage à un moment où les émigrants et les enfants des immigrants sont pris pour cibles par ceux qui se disent « de souche », où certains de nos compatriotes déambulent, avec sur la tête, cette épée de Damoclès, parce que, admis à titre de protégés.

Un simple geste de courage mais qui affirme clairement leur origine, et par là, expose la caricature désobligeante que certains font de nous, Haïtiens.

Nous nous sommes dit qu’après tout, nous pouvons encore espérer.

Espérer qu’ils inspireront leurs générations aussi bien dans leur lieu de résidence dans la diaspora qu’en Haïti pour dire « Non » au dénigrement;

Espérer que l’altruisme suivra le geste courageux, et qu’ils viendront se mettre au service de leur pays, si ses dirigeants leur donnent la possibilité et créent une ambiance où ils pourront servir en toute sécurité.

Espérer que le message du geste de ce vendredi 25 mai, et d’autres qu’ils poseront à l’avenir, s’amplifiera et mettra fin à la spirale de négativité dont se servent nos détracteurs.

Oui, Nous osons espérer.

Après tout ils sont jeunes et l’on a vu, après le massacre au Lycée Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride, ce que peuvent faire les jeunes quand ils s’y mettent. Ils ont cette énergie, cette acuité logique et cette combativité.

Qu’ils sachent cependant, qu’ils ne sont pas les premiers à poser des gestes courageux dans notre histoire. Haïti n’aurait certainement pas vécu pendant plus de deux siècles sans le courage de compatriotes que nos livres et professeurs d’histoire ignorent souvent. Ils se recrutent à Marchaterre en décembre 1929, à Port-au-Prince en janvier 1946, aux Gonaïves en novembre 1985, à Miami, New York, Boston et autres villes américaines en janvier 2018. Ces nouveaux diplômés sont donc en bonne compagnie.

Qu’ils sachent également que le prestige qu’il acquerront en mettant éventuellement à profit leur éducation et leur expertise, ne leur survivra pas, à moins que ce prestige devienne un catalyseur provoquant un grand désir de servir et d’aider les plus faibles, les exploités.

Qu’ils sachent enfin que leur éducation ne servira à rien s’ils n’éduquent les autres. Porter dans son bonnet de diplômé notre emblème national nous rend fiers aujourd’hui. Mais cette fierté s’amenuisera bientôt à moins que les nouvelles de leurs patriotiques ou altruistes contributions continuent à nous parvenir. En attendant, avec nos ESPOIRS, nous leur disant COMPLIMENTS. Que le germe de leur courage fleurisse jusqu’à devenir une plante aux racines profondes, aux tiges longue et au feuillage verdoyant!

J.A.

25 mai 2018
Boston, Massachusetts.