Textes et Documents » Catégorie : Histoire: 1957-1986

📂 Une Époque revisitée: Souvenirs personnels

duvalier_heritierJean-Claude Duvalier, l’ancien président à vie d’Haiti, décédé ce samedi 4 octobre, a été un personnage inspirant, en Haïti, la peur parmi la grande majorité, l’admiration parmi une petite minorité et suscitant l’adulation de ceux de son entourage qui voulaient rester dans ses bonnes grâces.

Dans la diaspora, il inspirait, dans les premiers temps de son gouvernement, la méfiance parmi ceux qui voudraient bien le prendre au mot, et une attitude de « Je t’avais mis en garde » parmi les  opposants radicaux durant les cinq dernières années de son gouvernement.

Pendant 15 ans il éloignait tour à tour les inconditionnels et les duvaliéristes de première heure, rappelaient quelques-uns tombés en disgrâce à la fin de la vie de son père, invitaient de jeunes technocrates à intégrer son gouvernement; ces derniers, par un instinct de survie, n’hésitant pas à marcher sur les sillons des anciens tortionnaires. (suite…)

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📂 Les silences de l’histoire contemporaine

Texte reçu le 15 décembre 2013

Par le Dr Jean L. Théagène

bishops_htS’il est du devoir d’une presse responsable de renseigner et d’informer , l’esprit avisé conçoit que cet enseignement suppose l’autorité de l’expérience et l’affirmation d’un savoir auquel nul ne peut s’y opposer.

Parce que l’Église catholique apostolique romaine, n’est pas exclusivement le fait du religieux et que le concours du laïque lui a toujours été précieux, à la manière de Blaise Pascal, dans Les Provinciales, donnant une leçon aux Jésuites en 1656, je me sens le devoir impérieux et pressant de donner la réplique aux contempteurs du Clergé indigène qui, affublés d’un anti-duvaliérisme rétrograde, ne s’embarrassent d’aucun scrupule pour cracher sur tout ce qui est beau, grand, et noble.

Bien avant le Concordat de 1860, les leaders de la Révolution de Praslin préconisaient l’urgence d’un clergé national. Si l’on se réfère à la correspondance du Père Eugène Tisserand, jusqu’au lendemain du Concordat, un secteur de l’opinion publique en faisait son cheval de bataille et même le Pouvoir haïtien, à des époques différentes, revenait sur la question du recrutement des membres du clergé indigène. C’était l’époque où la notion de patrie avait encore un sens pour l’Haïtien. (suite…)

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📂 Haïti: La marche à reculons

Texte reçu le 15 août 2013

Par Jean L. Théagène

« Chaque Nation ne peut se civiliser qu’en créant des partis politiques. Ceux-ci créent la vitalité nationale par l’émulation. Tout gouvernement doit être reconnu par tous, à l’intérieur comme à l’extérieur. On n’a pas à tenir compte du parti politique qui gouverne puisque, dès l’instant que le parti devient gouvernement, du même coup, il devient la Nation ».

Funck-Bretano, L’Ecole des sciences politiques.

Parce qu’à travers nos écrits transpire toujours notre foi sans partage dans la démocratie véritable, pour avoir tenu à distance les sornettes démagogiques, les déclarations obligées et contingentes dans cette dichotomie sociale, politique, économique qu’incarne la double nation, première République nègre du Nouveau-Monde, nos propos ne cesseront pas d’être exempts de leur fermeté coutumière. Double nation : d’un côté, les nantis des quartiers huppés et villas somptueuses, ces chevaliers dont on ne peut atteindre les demeures qu’à l’aide de ponts levis ; de l’autre, la multitude souffrante des sans-logis, des grabataires croupissant et grouillant dans les bidonvilles, ces serfs au visage émacié par l’inflation galopante, les taxes et la vie chère. (suite…)
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📂 Sans complexe devant l’histoire

Texte reçu le 2 août 2013

Par Jean L. Théagène
Toussaint et NapoléonQuand méditant sur un rocher de l’île de Ste Hélène où le retenait captif la soldatesque anglaise, Napoléon Bonaparte, foudre de guerre des armées françaises, vainqueur de cinq coalitions Européennes revoyait le film de sa vie, il devait assurément se rappeler ce Général Nègre que, quelques années auparavant, il laissa mourir dans son cachot du Fort de Joux.

On le devine aisément, souriant au triste souvenir de ses tractations avec l’esclave devenu Gouverneur Général à Vie de la plus riche Colonie Française. On se l’imagine encore s’insurgeant contre ce destin d’insulaire que lui imposaient les circonstances. Dérisoire souverain de l’Île d’Elbe après avoir connu toute l’ardente ferveur du sort des armes et la somptuosité démesurée d’un pouvoir presque continental, l’illustre prisonnier devait se rappeler sa correspondance soutenue avec ce Chef rebelle qui s’était toujours permis de le traiter d’égal à égal dans ses missives historiques : « Du Premier des Noirs au Premier des Blancs » ; tel fut l’exergue qui revenait, en leitmotiv lancinant, hanter ses réflexions sur la vanité existentielle. Telle fut la catharsis qui, au terme de sa vie tumultueuse et surtout bien remplie, devait lui indiquer, à lui, devant qui tous les souverains d’Europe se courbaient, toute la charge de dignité, toute la puissance de fierté, renfermées dans l’insignifiant corps d’ébène de Toussaint Louverture. (suite…)

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📂 Un certain 18 mai: Marie-Claude Argnant…

Texte reçu le 18 mai 2012

Par Eddy Cavé
Marie-Claude Agnant 48 ans ans plus tardIl est dans l’histoire des peuples des dates dont on préserve la mémoire et qui inspirent chaque année une réflexion différente. Dates de victoires décisives comme Vertières, de catastrophes comme Waterloo, de tournants historiques comme le Bois Caïman. Le 18 mai 1803, jour où Catherine Flon aurait cousu à l’Arcahaie le premier drapeau haïtien, est une de ces dates. Des factions de l’armée indigène avaient déjà un drapea noir et rouge, mais Dessalines voulait d’un autre qui symboliserait l’union de tous les fils de la patrie. La petite histoire raconte que n’ayant pas de fil à sa disposition, Catherine Flon utilisa ses propres cheveux pour exécuter la commande.

Dans la vie des êtres humains, il y a aussi certaines dates qui ramènent régulièrement un lot de souvenirs heureux ou douloureux. Et quand elles coïncident avec des événements historiques, elles finissent souvent par perdre leur caractère individuel pour se fondre dans ces événements. Tel le geste frondeur, aujourd’hui oublié, posé le 18 mai 1964 devant un François Duvalier redouté de tous par Marie-Claude Argant, étudiante de première année à la Faculté de droit. (suite…)

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