Pressant appel des Filles de Marie

Traduction d’un fichier audio reçu le 9 janvier

Par ce message, nous les Filles de Marie (fdm), voulons attirer l’attention sur des événements qui nous touchent et demander de l’aide. Oui ! Nous faisons un appel pressant à la police, à la presse, à la justice. Cet appel s’étend à tous les gens la bonne volonté capables de nous aider à sortir dans la situation ou nous nous trouvons depuis plus d’un mois.

En 2010, nous avons été très touchées par le tremblement de terre du 12 janvier. Au Bel-Air, où se trouvait la maison provinciale, nous avions perdu 15 consœurs. Presque toutes nos communautés et nos œuvres à Port-au-Prince ont été touchées. Des maisons de la capitale où nous vivions alors se sont effondrées faisant une dizaine de blessés parmi les sœurs et, comme nous venons de le dire, laissant 15 mortes. Nous n’avions plus rien alors. Le supérieur provincial et l’économe provincial qui géraient l’argent de la congrégation ont perdu la vie, durant cette catastrophe

Après ce terrible événement, nous nous trouvions complètement démunies. Nous avions pu continuer à vivre et regarder vers l’avenir aidée de notre foi en Dieu. La situation était terrible. Avec l’encouragement et la générosité de nombreuses personnes, tant en Haïti qu’à l’étranger, nous avions pu parvenir à acheter un terrain à Latramble 12 entre Croix des Bouquets et Granthier. Sur ce terrain nous avions construit une école avec le support financier d’une fondation espagnole. C’est pourquoi l’école porte le nom de Reine Sofia, monarque d’Espagne. Après l’école, ces bienfaiteurs nous ont aidées à construire une résidence pour les religieuses.

Mais les besoins étaient encore nombreux vu que nous étions totalement dépourvues. La communauté de Bel-Air était considérée comme un pied à terre pour toutes nos sœurs d’Haïti. Les résidentes avaient chacune leur petit espace pour vivre et travailler tranquillement. Comme nous n’avions pas d’endroit où loger toutes les religieuses, nous avons besoin d’une autre maison. Il nous fallait aussi une infirmerie, une résidence pour nos malades et nos anciennes. Avec le soutien de bienfaiteurs et bienfaitrices du pays et de l’étranger, nous avions réussi à construire l’infirmerie et une maison abritant le noviciat, une place où les jeunes qui voulaient faire partie de notre congrégation pouvaient se préparer et se former.

La réalisation de tous ces projets ont pris du temps. Il nous a pris 9 ans, de 2010 à 2019, on peut dire, pour arriver à ce point. Quoique nous ayons un espace pour vivre avec les religieuses, nous étions loin de parvenir à reconstruire toutes les structures d’avant la journée fatidique du 12 janvier 2010 . Mais on était sur la bonne voie.

Ce qui nous pousse aujourd’hui à chercher l’aide de la presse, de la police et de la justice, et de toutes les autorités concernées du le pays, c’est le harcèlement répété des hommes armés et finalement le séquestre de notre propriété à Latramble, ce qui nous oblige à vivre une situation extrêmement difficile. C’est donc un cri de douleur que nous lançons.

Le vendredi 25 novembre, 3 hommes armés sont entrés par infraction dans la communauté de Latramble. Ils ont pointé une arme sur une religieuse qu’ils ont rencontrée et qui faisait le nettoyage. Ils avaient auparavant menotté des hommes qui se trouvaient à notre service et rencontré dans la cour. Ce jour-là, Dieu merci, ils n’ont posé aucun autre acte. Ils n’ont emporté qu’une ampoule rechargeable.

Dès lors, les religieuses vivaient dans l’inquiétude et avec une constante peur. Le crépitement permanent provenant d’armes automatiques exacerbait leur état. Nous, en tant que responsables, avions décidé d’alléger leur état, de les aider à respirer un autre air dans un autre endroit. Mais, reloger toutes les œuvres de la zone de Latramble n’aurait pas été facile. Une solution à court terme a été envisagée ; les faire passer quelques temps ailleurs, afin qu’elles puissent se reprendre. Dès la fin de novembre, avec l’aide de Dieu, elles ont pu se rendre temporairement dans une autre communauté, en attendant un certain calme dans la zone. Les changements au niveau personnel étaient notables. Elles devenaient moins inquiètes et anxieuses, ce qui se remarquait sur leur visage et leur comportement…

Entre-temps, les hommes armés revinrent sur la propriété… Ce jour-là, ils ont ligoté le gardien et battu la personne qui assurait la sécurité de la propriété. Ils sont repartis avec 6 batteries qui alimentaient en électricité la maison.

Ils sont revenus une 3ème fois. Ils ont brisé la barrière après l’avoir percée de balles. Arpentant tous les coins de la communauté, ils se sont attardés au noviciat et surtout à la chapelle où ils ont tout saccagé. Ils ont jeté par terre tout ce qui ornait le tabernacle. Ils l’ont déplacé et l’ont jeté sur la cour… Finalement, ils sont repartis en emportant tout qu’ils pouvaient emporter.

Leur plus récente infraction advint le jeudi 5 janvier. Cette fois, ils ont expulsé les hommes qui assuraient la sécurité de la propriété et en ont pris possession.

Le tremblement de 2010 nous avait fait revenir à la case de départ, tout en laissant dans notre chair et dans nos cœurs des marques longtemps douloureuses. Mais, grâce à la charité de nombreuses personnes ici en Haïti et à l’étranger, nous avions pu nous reprendre et avions commencé à rebâtir des structures qui nous permettraient de continuer notre mission … Les réalisations nous ont coûté beaucoup d’argent ; argent dont nous étions complétement dépourvues. Ces réalisations ont été possibles grâce à la solidarité de nombreuses personnes.

Maintenant, nous nous retrouvons à nouveau sinistrées…

Nous ne savons pas ce que font ces hommes qui ont pratiquement pris possession de notre propriété, puisque tout accès au terrain nous est interdit. Toutes nos affaires sont entre leurs mains. Sur la cour, nous avions beaucoup de choses dont des containers qui nous permettraient d’entretenir la maison et l’école. Nous demandons à la police, à la presse, à l’Église, à tous ceux qui ont une voix, à toute personne de « bonne volonté » capable de nous aider ou de nous dire ce que nous devons faire pour sortir de cette terrible situation.

Nous avons déjà fait appel à plusieurs personnes et entités, elles se disent impuissantes. Nous continuons à mettre notre confiance en Dieu. Nous savons que rien ne Lui est impossible et Il nous guidera assurément vers la sortie…

C’est une triste situation que nous vivons. Venez à notre secours ! Nous n’en pouvons plus.

Noua avions été terrassées après le 12 janvier 2010. Nous n’avions plus rien. Et aujourd’hui, une fois de plus, nous sommes devenues des sans-abris. Alors, mes frères et sœurs, ceux et celles qui lisent ce texte, les Filles de Marie vous lancent un appel pressant. Nous vous invitons à le partager avec tous ceux qui peuvent faire quelque chose pour nous aider à sortir de cette situation.

Nous vous disons merci beaucoup.

C’était Votre Sœur, la provinciale des Filles de Marie,

Sœur LUCIE