Le code Henry

Henri ChristopheLe Code Henry, ce recueil de lois en vigueur dans le Royaume du Nord et publié en 1812 est devenu aujourd’hui un document rare, d’une valeur inestimable, et de grand intérêt pour les historiens et les chercheurs.

Voyons un peu le contexte de sa publication et les raisons expliquant sa valeur.

Nous sommes en Haïti au début de la deuxième décade du dix-neuvième siècle. L’union des anciens esclaves et des mulâtres qui avait rendu possible l’épopée de 1804¹, se fragmenta et deux gouvernements parallèles s’établirent alors: l’un dans l’ouest et le sud avec Alexandre Pétion pour chef d’état, et l’autre dans le Nord dirigé par Henri Christophe au titre de président d’abord et de roi, lorsqu’il y établi, en 1811, le royaume du Nord.

Épris du système britannique et façonnant son administration sur ce modèle, Christophe qui dirigeait d’une main de fer, se montra un dirigeant capable et méthodique, d’une fierté frôlant presque la névrose, et ayant à cœur le devenir de son royaume et l’image projetée à l’extérieur. Ces traits de caractère expliquent la discipline exigée non seulement de son armée, des membres de son conseil privé mais aussi de tous ses sujets; et les forts érigés, les lois publiées, attestent de cette discipline.

Après seulement cinq ans de gouvernement, il avait réussi à promulguer des lois sur presque tous les domaines et toutes les institutions de son royaume. En 1812, elles furent recueillies par le Conseil privé du roi et publiées par ce dernier sous le nom de « Code Henry ».

D’après l’historien Haïtien, Thomas Madiou, pour élaborer ce
code, une commission législative avait été créée et chargée de « présenter des projets de lois qui devaient être discutés au Conseil privé du roi et ensuite au grand conseil ». Après rapport du conseil privé, ces « lois furent adoptées par sa majesté en vertu d’un édit du 20 février 1812 »¹.

La National Union Catalogue pre-1956 Imprints fait mention d’un seul exemplaire qui se trouverait à la Bibliothèque Municipale de New York (New York Public Library)². Le catalogue enligne n’en fait pas mention et un bibliothécaire avec qui nous avons eu une conversation n’a pu confirmer son existence dans cette institution.

Max Bissainthe dans son Dictionnaire de bibliographie haïtienne publié en 1851, a pu identifier, à travers le monde trois exemplaires.

  1. La première appartenait à la Bibliothèque nationale d’Haïti, perdue depuis lors;
  2. La deuxième faisant partie de la collection de la British Library, quoique l’auteur affirme l’avoir « vainement cherché »(4);
  3. La dernière se trouvant à la Bibliothèque Municipale de Boston (Boston Public Library)³.

Cette dernière vient de le numériser et le publier en format DjVu, PDF, PDF noir et blanc, fichier texte ascii. Une initiative qui certainement fera les délices des étudiants en droit, des historiens et des chercheurs.

C’est donc avec un réel plaisir que nous annonçons la publication numérique du Code Henry publié en 1812 chez P. Roux, Imprimeur du Roi.

  1. Madiou, Thomas. Histoire d’Haïti. Tome V : 1811-1818. [Port-au-Prince: Editions Henri Deschamps, 1988, 62-63.
  2. National Union Catalogue pre-1956 Imprints… Vol. 226. London : Mansell, 1972, 404.
  3. Bissainthe, Max. Dictionnaire de bibliographie haïtienne. Washington, D.C. : Scarecrow Press, 1951, §808.
  4. Les conservateurs des Collections canadiennes et caraïbéennes (Canadian and Caribbean Collections) et du Département des Manuscripts(Department of Manuscripts) de la British Library n’ont pas pu retracer le Code. Dans un message reçu du conservateur de la section des Manuscripts, nous lisons ce qui suit: « There is the possibility that the Code is just one part of a larger manuscript relating to Haiti but … was not indexed. However, [He found] this possibility unlikely. Something as important as the Code would have been indexed separately if we had it. » St John-McAlister, Michael. « Regarding the Code Henry. » E-mail to Jean Antoine: Mardi 19 Juin 2007.