Textes et Documents » Catégorie : Crises

📂 Les voies insondables de l’avenir Haïtien

Texte reçu le 24 mars 2012

Dr Jean L. Théagène

A partir du moment où, dans un pays, s’établit un divorce entre l’orientation du régime et les aspirations de la jeunesse, alors, oui, la catastrophe est proche- alors, le totalitarisme menace à plus ou moins long terme.

Pierre Mendès France.

Roger Martin du Gard écrivait sans complaisance, il y a de cela un siècle : une conviction qui commence par admettre la légitimité d’une conviction adverse se condamne à n’être pas agissante. C’était, il y a cent ans et le monde n’était pas fait que de canards sauvages émigrant d’un bout à l’autre de la planète au fil des saisons. Aujourd’hui, que nous sommes réduits à contempler en silence la désagrégation de la Patrie, un soupçon d’insurrection semble vouloir nous consoler de notre cafard.

Pour ou contreLa semaine écoulée, certains bonzes éternels de la politique haïtienne, sur les ondes d’une station de radio de la capitale, sont montés au créneau et ont sorti leur verve des grands jours d’exaltation pour fustiger le comportement des hommes au pouvoir. Il est vrai que de 86 à nos jours, ils ont été de tous les combats, toujours en position d’arrière-garde et surtout prêts à brandir en absence de tout danger, l’oriflamme des victoires faciles. Mais, de leurs propos et de leurs critiques, qu’en ont fait l’Exécutif et le Législatif ? Encore, c’est le mutisme d’une agonie prolongée comme seule sait en infliger l’ethnie nègre. Et c’est dommage pour un pays de griots coutumiers des longs palabres, à l’ombre des mapous feuillus. (suite…)

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📂 Sauvons ce qui peut-être sauvé!

Texte reçu le 16 Novembre 2011

Par Jean L. Théagène

« Connais-tu le pays où fleurit l’oranger,
Le pays des fruits d’or et des roses vermeilles,
Où la brise est plus douce et l’oiseau plus léger,
Où dans toute saison butinent les abeilles ? »

Jules Barbier

« Fugit irreparable tempus ».

L’heure est grave et le pays ne peut plus se contenter de déclaration d’intention encore moins de promesses contraignantes. Depuis la nuit des temps, le sous-développement et ses problèmes ont toujours été un casse-tête chinois exigeant une volonté ferme de comprendre d’abord l’imbroglio et de trouver ensuite les moyens d’harmoniser les intérêts discordants des éternels trouble-fêtes d’une société.

À côté des nouvelles plus déprimantes que revigorantes avec la remontée de l’insécurité dans ce morceau d’île des Caraïbes, Gérard Bissainthe et Jean-Erich René, deux hommes, d’une belle érudition, avec une souplesse alliée à l’humilité radieuse, se sont acharnés à nous brosser sous leur plume alerte un sombre tableau de la réalité politique haïtienne. Avec une pointe de tristesse, nous avons parcouru d’un bout à l’autre et d’une seule traite : « Le bateau de Sweet Micky va droit vers un récif » et « Un cap dangereux pour Haïti ». Nous nous sommes écrié avec Sainte-Beuve : « Mon Dieu, donnez-nous le courage de voir tout et le contraire de tout ». Et nous revient à la mémoire le livre de Demesvar Delorme « Les théoriciens au pouvoir » qui garde toute sa saveur d’actualité.

« L’heure est grave… » (suite…)

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📂 Du pouvoir inconditionnel à l’indifférence absolue

Texte reçu le 13 septembre 2011

Par Jean L. Théagène

« On peut parce que l’on croit pouvoir »
(Virgile dans l’Enéide)

Le Pouvoir est un virus qu’on attrape et dont on guérit difficilement. Cette maladie n’épargne pas la plupart des leaders haïtiens en mal de messianisme. Chacun d’eux se croit investi d’une mission permanente de sauvetage de la Patrie ballotée par les raz de marée épisodiques d’une histoire toujours maintenue dans l’œil du cyclone. De 1804 à nos jours, aucun répit n’est laissé à une population plus portée sur les débordements de joie collective que sur les jeux de guerre qui se font fort de remplir les nécropoles. « Bon Dieu bon » reste toujours le refrain de l’haïtien authentique. Une charge intérieure d’espoirs dont pourtant personne ne tient compte. Au contraire, l’adversité simple, apanage de tous les humains, est utilisée comme agent corrupteur de vertus, spoliateur de valeurs de civilisation. Et l’on y substitue la fatalité aux serres rigides pour incurver l’histoire dans le sens de ses desseins et de ses intérêts.

C’est un peu l’aventure des mouvements politiques de ces vingt-cinq dernières années, à cette époque où le choix du leader coïncidait avec les aspirations du peuple trop longtemps maintenu hors des centres de décision. Ignorant délibérément l’étymologie anglo-saxonne du vocable leader ( to lead, anglais) signifie conduire, les soi-disant leaders se sont toujours placés en aval des protestations populaires pour mieux exploiter la fureur des flots. Ainsi, ils apparaissent comme des complices plutôt que comme des conducteurs. À la vérité, ils sont moins que des pleutres à la traîne de la populace. Car eux, ils ont conscience de ce qu’ils font et ce qu’ils font, ils les exécutent en experts. Grâce à cette méthode de combat, ils détiennent un pouvoir totalitaire, un droit de vie et de mort sur tous leurs concitoyens. Voilà ce qu’on appelle le Pouvoir absolu qui n’est autre que celui détenu par un seul être sur dix millions. (suite…)

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📂 Une société qui a peur

Texte reçu le 25 avril 2011

Par Jean L Théagène
« La sottise et la peur du grand nombre font le triomphe de la scélératesse et la perte des gens de bien. La postérité rend à chacun sa place, mais c’est au temple de mémoire ; Thémistocle n’en meurt pas moins en exil, Socrate dans sa prison et Sylla dans son lit. » Ce mot de Madame Rolland dans ses « Réflexions » semble bien s’appliquer à la problématique haïtienne qui a fini par intégrer dans son expression globale un phénomène nouveau dans sa constance : l’insécurité. En effet, à l’écoute des nouvelles en provenance d’Haïti, après le second tour des élections- bidon de Préval, où des violences subséquentes aux résultats truqués ont éclaté un peu partout à travers le pays, on est forcé d’admettre que la société a peur. Et que cette peur-panique, paralysante et tentaculaire participe d’une stratégie étatique susceptible d’induire des objectifs mal définis ou simplement inavoués : « Le coup Poutine. » (suite…)
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📂 La Diaspora haïtienne et les autochtones: « Contradictions et terrain d’entente »

Texte reçu le 20 avril 2011

Par Jean L Théagène
Décidément, la crise haïtienne est multidimensionnelle. Au lendemain du 7 Février 1986, elle a intégré dans les tentatives de traitement de sa problématique des paramètres nouveaux tels : l’adoption ou le rejet du libéralisme ou du socialisme comme choix politique, la place de la diaspora haïtienne dans la dynamique du processus sociopolitique etc…L’acuité d’un tel débat a fait naître des antagonismes tout à fait irréconciliables allant de la perception mitigée des théories libéralistes et socialistes jusqu’à la notion d’harmonisation des rapports entre haïtiens de l’intérieur et ceux de l’extérieur : rapports fondés sur la rentabilité accrue de la diaspora dans toute perspective de développement social, économique et politique d’Haïti.

« Concilier l’irréconciliable » : voilà en quelque sorte le défi qui se pose aux leaders politiques, directeurs d’opinion et à tout haïtien qui rêve d’un pays ou à défaut d’éclat, il y aurait sérénité dans les destins individuels et dans l’avenir collectif. Avec des éléments de comparaison étalés sur cinq siècles, l’Histoire prend plaisir à nous rappeler que c’est bien au temps de la colonisation que notre pays a connu son plus haut niveau de développement. Le chiffre des exportations dépassait de beaucoup celui des importations créant de ce fait un équilibre parfait dans la balance commerciale de l’époque. En dehors des contraintes de l’esclavage, les indigènes pavoisaient au sein d’une économie florissante qui leur permettait d’envisager d’explorer de nouveaux axes de développement. Ainsi naquit, émergeant de la brume coloniale et éclatant dans la pensée du génial Louverture, Haïti, en tant que nation, en tant qu’État, un certain 1er Janvier 1804. (suite…)

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