Le département du Sud-Est assoiffé de mangroves

Texte reçu le 28 mai 2012

Par Robenson d’Haiti

Le Centre de Pêche Maritime de Cayes-Jacmel a produit récemment une demande de 1500 plantules de palétuviers au ministère de l’environnement par le biais de l’Agence Internationale pour le Développement (AECID) pour camper une mangrove dans la région et concomitamment y favoriser la pêche.

Mangroves

30Des dix communes du département du Sud-est, huit sont côtières : Jacmel, Marigot, Cayes-Jacmel, Grand Gosier, Anse-à-Pitres, Bainet, Côte de Fer et Belle-Anse.

Mais, deux communes n’ont toujours pas leurs mangroves : Marigot et Cayes-Jacmel. Elles en sont assoiffées, d’après les témoignages recueillis, non seulement en raison du rôle primordial de ces forêts dans la constitution d’un écosystème fort consolidant la productivité des pêcheries côtières, mais également parce que les mangroves sont un rempart contre les vagues de la mer susceptibles d’occasionner des pertes majeures à cause des cyclones de plus en plus fréquents dus au changement climatique.

Outre son rôle de forteresse et de protection de certaines espèces animales terrestres et aquatiques, chaque mangrove est une attraction touristique. Or, Jacmel, ville réputée touristique, néglige ses mangroves. Celles qui survivent sont devenus pratiquement des dépotoirs. Pour illustration, à la Saline, une mangrove a été réclamée par un particulier qui a fait venir tracteur et autres engins lourds pour détruire le bien commun, raconte-t-on. N’eût été la vigilance de la Société Macaya, une entité affectée à l’assainissement de la plage, cette mangrove aurait disparu, se rappellent encore divers citoyens au micro de plusieurs journalistes participant à un séminaire de trois jours sur le changement climatique et la biodiversité organisé par une organisation internationale, Panos Caribbean, du 25 au 27 mai 2012, à Jacmel. Aujourd’hui, cette forêt côtière continue d’exister, mais dépouillée de ses arbres et avilie par des déchets.

Dans cette ambiance de Reconstruction d’Haïti, aider les quelques rares associations du département à développer une pêche professionnelle et améliorer ce secteur est loin d’être suffisant si l’Etat ne résout pas le problème relatif au manque de palétuviers au niveau des 166  kilomètres de côtes du Sud-est, soutient Léon Auguste, un septuagénaire apparemment à la retraite.

Un mois après, aucune suite n’est encore donnée à la demande du Centre Communal de Pêche Maritime eu égard aux plantules de palétuviers. Les pêcheurs continuent d’exiger leur mangrove ! Sanon Jean Robert, l’un des gestionnaires du Centre nouvellement construit et équipé par l’Agence Espagnole de la Coopération Internationale et du Développement (AECID), presse le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles d’honorer sa promesse de 1500 mangroves pour la commune de Cayes-Jacmel.

Et d’un autre coté, des riverains exigent de l’Etat une politique de gestion des mangroves, car il faut les entretenir, concluent-ils.

La mangrove s’entend de toute forêt qui s’enracine dans la mer. Elle est principalement formée de palétuviers, une espèce d’arbres possédant des « racines échasses » lui permettant de se développer dans des milieux vaseux peu stables.

Robenson d’Haiti
Pour le compte de Panos